La tête dans les nuages et les pieds dans la boue (14, 15 et 16 mars)
En un petit saut de puce (1h00 d’avion) nous voilà de retour à Manille. On ne peut pas dire que la capitale nous avait vraiment manqué… Mais c’est un passage obligé pour nous rendre dans le Nord du pays.
Nous prenons un bus de nuit (8 heures de route) pour finalement arriver à Banaue (à prononcer Ba-na-ou-é) à 6h00 du matin.
Notre bus suit la route sinueuse alors que le soleil se lève timidement. Petit à petit, les montagnes avoisinantes se dessinent. Le fond de la vallée est recouvert par la brume qui, timidement, se retire laissant apparaitre les fameuses rizières du nord. Le moment est magique !
Petit déjeuner de circonstance (blague à part, je ne sais plus si les pti déj philippins ont déjà été évoqués…riz à l’ail, œufs, émincé de porc. Avec quelques variantes) avant de louer les services d’un sidecar direction les rizières de Batad.
La route est… disons particulière. Il semble que les éboulements soient monnaie courante ici malheureusement l’intervention de la « DDE » locale est relativement lente voire inexistante. Notre chauffeur passe son temps à slalomer entre les pierres.
La route s’arrête laissant la place à un chemin de callasse qu’il nous faudra entreprendre à pieds.
On monte un petit peu le nez dans les chaussures pour éviter de glisser.
Arrivés au bout de la côte je lève un œil morne sur l’horizon (je n’ai pas bien dormi). La vision qui s’offre à moi me coupe le souffle. Il nous faut à Mat et à moi, quelques secondes pour que notre cerveau endormi enregistre le panorama qui s’offre à nous.
J’ai d’abord l’impression d’être devant un escalier construit par (ou pour) un géant. Des marches, aux formes diverses, parsèment la montagne qui me fait face et s’étendent jusqu’au fond de la vallée. Le ciel chargé de nuages blancs habille la cime des montagnes avoisinantes et se reflètent dans les « marches » où de l’eau semble stagner.
Les rizières du nord sont magnifiques !
Mais avant de les parcourir, on dépose nos sacs dans une guesthouse. Ici elles sont toutes particulièrement rustiques : les lits sont des planches de bois avec un matelas mousse, douche froide, pas de chasse d’eau (vive le seau). Mais quel calme ! Il n’y a pas de route pour se rendre ici, tout est transporté à dos d’homme ! ça force le respect.
Les habitants du village ont tous plusieurs casquettes : agriculteurs, porteurs, maçons, vendeurs de souvenirs, aubergistes … mais le métier qui semble rapporter le plus pour un effort relativement minime (comparé à la plantation du riz) est celui de guide pour touristes.
Plusieurs hommes nous proposent en effet de visiter avec eux les rizières moyennant finance. C’est un peu cher et puis le parcours n’a pas l’air difficile à trouver.
Nous nous baladons le long des rizières en marchant sur les murets en pierres, d’un côté la rizière du dessous, de l’autre la boue (où Mathilde ne manquera pas de mettre un pied, il parait que c’est bon pour la peau). En dehors des escaliers principaux, des pierres sont taillées de telle manière qu’elles ressortent des murets pour faciliter notre montée. J’ai parfois l’impression de gravir une pyramide maya/incas…
Le lendemain nous quittons le village pour nous rendre à travers les rizières à Bangaan. Pas de guide, nous nous débrouillons pour trouver, non sans mal, notre chemin. Les sacs sont lourds mais notre rando de l’Abel Tasman nous a entrainé à pire !
Je vous laisse avec les photos de notre balade.
Mathilde voulait ramener le pilon pour faire des mojitos avec une fois à la maison... j'ai du dire non.
Nous finissons l’après-midi avec des locaux du village en apprenant à chiquer le bétel une « drogue locale » en attendant l’arrivée d’une jeepney. Grossièrement il s’agit d’un fruit à coque que vous coupez en deux avec les dents, vous y mettez un peu de poudre de citron vert (?) et vous enroulez le tout dans une grande feuille (je parle du bétel pas de la jeepney hein !). On a l’impression de mâcher de l’herbe… C’est pas terrible.
Notre transport n’arrive pas. On décide d’aller dormir dans une guesthouse juste à côté.
J’ai à peine le temps de boire un verre, que l’une des dames qui était avec nous un peu plus tôt vient voir Mathilde pour lui conseiller de bien veiller à fermer la porte de notre chambre à clef… Bizarre... On ne sait pas trop quoi penser. On ne préfère pas tenter le diable et on trouve un tricycle pour nous ramener à Banaue où nous passerons la nuit.